quand on passe d'un côté à l'autre
d'un fleuve à autre
derrière nous on dépose
une peau de cerise
et une nouvelle pousse
celle d'une pamplemousse
il y a toujours une pointe d'épée
qui se révèle sans couleur ni fermeté
et pourtant au soleil toute lisse
les armoires tous vides d'agrumes
les livres partis à l’au-delà
les tableaux dissous dans les nuages
de ce que nos yeux voient des murs
les mémoires brûlant la langue comme sulfure
tout se perd tout se transforme
tout se gagne tout nous reste
à titre posthume
la porte est entr'ouverte
quand on passe d'un côté à l'autre
d'une rue à autre
comme si elle devait nous montrer
la route qui nous y amène,
la route qui est certaine
et pourtant jamais déserte
tout s'en va d'où s'en va:
le cœur en deux tranché
Rui Miguel Duarte
25/02/16